Soutenance de thèse de Chloé STEUX

Le 5 décembre 2022

Résumé de la thèse en français

L'éco-conception est une démarche qui consiste à intégrer les impacts environnementaux associés au cycle de vie d'un produit ou d'un service dès sa conception. Les démarches d'éco-conception sont activement promues par les autorités à l'échelle européenne et française depuis les années 1990, et présentent, au-delà de bénéfices environnementaux, des avantages économiques et réputationnels. Aujourd'hui, celles-ci sont présentées comme un levier clé de la transition écologique, intimement lié à l'économie circulaire. Pourtant, en dépit de ce contexte favorable, les démarches d'éco-conception demeurent aujourd'hui encore limitées. Dans ce travail de thèse, nous proposons une explication alternative aux hypothèses traditionnelles, qui soulignent le manque d'incitation à éco-concevoir, tant sur le plan législatif qu'en termes d'opportunité de marché. En mobilisant la littérature sur le cadrage, que nous définissons comme une façon de formuler un problème de gestion, d'identifier les acteurs concernés, et de caractériser des modalités d'action, ainsi que le concept de cadrage-débordement, emprunté à Callon, qui insiste sur la nature temporaire du cadrage, nous défendons l'idée que la diffusion lente de l'éco-conception est associée à la manière dont les acteurs l'ont problématisée. Il s'agit donc de proposer une explication endogène liée à la façon dont les acteurs ont historiquement cadré l'éco-conception. Afin d'étudier les cadrages de l'éco-conception dans une perspective historique, nous faisons appel à une démarche compréhensive, exploratoire, et longitudinale, s'inscrivant dans une épistémologie constructiviste pragmatique. Plus précisément, nous avons réalisé 49 entretiens, organisé des ateliers, observé l'élaboration d'une gamme de produits responsables, et mené une étude de magazines de consommation, ainsi que de l'indice de réparabilité français afin d'identifier la façon dont les acteurs ont, à différentes échelles, participé à l'émergence et au développement de cadrages de l'éco-conception que nous caractérisons. En mettant en évidence le fait que les cadrages produisent des débordements inattendus qui conduisent les acteurs à proposer de nouveaux cadrages visant à contenir ou éviter ces débordements, soit en établissant une dynamique endogène de cadrage-débordement, nous identifions trois cadrages dominants de l'éco-conception : – Le cadrage techno-centré de l'éco-conception, qui désigne une approche ingéniérique et technoscientifique de l'éco-conception ayant émergé dès le début des années 1990, consécutivement au développement d'une communauté de pratique et épistémique associée à l'analyse de cycle de vie ; – Le cadrage de l'éco-innovation orienté client dont on identifie les prémices au début des années 2000, qui désigne une approche de l'éco-conception beaucoup plus orientée marché en réponse au manque de visibilité et de légitimité associé au cadrage techno-centré de l'éco-conception ; – Le cadrage hybride de l'éco-conception qui a quant à lui émergé ces dernières années, en vertu de la tension entre rigueur et pertinence posée par les deux précédents cadrages, et qui a intégré de nouvelles dimensions associées à l'économie circulaire. En effet, ce travail de thèse souligne également la façon dont l'actualité liée à l'économie circulaire a contribué à renouveler les pratiques d'éco-conception, suite à la mise à l'agenda politique de nouvelles dimensions comme la réparabilité ou la durabilité. Ces dernières se matérialisent désormais dans de nouveaux dispositifs, comme l'indice de réparabilité, et font l'objet d'une certaine appropriation des entreprises, notamment dans le cadre de l'élaboration de nouveaux business models.

Résumé de la thèse en anglais

 

Date de soutenance : lundi 5 décembre 2022 à 15h00
Adresse de soutenance : 60 Boulevard Saint Michel 75006 Paris – Bibliothèque
Directeur de thèse : Franck AGGERI

En savoir plus

Soutenance de thèse de Rémi BEULQUE

Le 19 avril 2019

Soutenance de thèse de Rémi BEULQUE

Résumé de la thèse en français
En quoi les business models circulaires, fondés sur des activités de réutilisation et de recyclage organisées collectivement, permettent-ils aux entreprises de créer et capter de la valeur de manière pérenne ? Cette question, au cœur des préoccupations des entreprises et des décideurs publics, demeure émergente en stratégie. Afin d'y répondre, ce manuscrit rapporte cinq cas d'intervention sur de tels business models opérés par le constructeur Renault, dont l'analyse est resituée dans le cade plus large des évolutions qu'a connu la fin de vie automobile ces dernières décennies. Au terme de ce travail, nous proposons une analyse fine de l'émergence et de la montée en puissance de BM circulaires pérennes dans des entreprises établies en tant que processus instrumenté d'action collective. Nous montrons ainsi que la concrétisation de leurs potentiels de valeur se fonde sur une activité collective méconnue – l'ingénierie de filière – qui vise à structurer de nouveaux marchés, réseaux et chaînes de valeur.

Résumé de la thèse en anglais
To what extent can reuse and recycling circular business models create and capture value in the long run? This question, which constitutes a major concern for firms and public actors, remains understudied in Strategy. In order to answer this question, this thesis highlights five cases of collaborative research on such business models conducted within the car manufacturer Renault, which are put into perspective within the larger context of the evolution automotive end-of-life experienced over last decades. At the end of this study, we propose a close analysis of circular business models emergence and up-scaling, which we picture as an instrumented collective action process. Thus, we show that the concretization of their value potentials rests upon a collective activity, we call industry engineering, which aims at structuring new value chains and value networks.

 

Titre anglais : Circular Business models: toward long-term value creation and capture ? Processes and instruments Learnings from automotive reuse and recycling
Date de soutenance : vendredi 19 avril 2019 à 14h00
Adresse de soutenance : Mines ParisTech 60 Boulevard Saint-Michel 75006 Paris – V106A
Directeur de thèse : Franck AGGERI

En savoir plus

Offre de thèse en Sciences de Gestion

25 mars 2022

Présentation des structures

 

CGS-i3 est un centre de recherche en sciences de gestion de MINES ParisTech. Il fait partie de l’institut interdisciplinaire de l’innovation i3, Unité Mixte de Recherche CNRS 9217. Ses recherches portent sur le management de l’innovation et de la conception, l’économie circulaire et la RSE, la gouvernance de l’entreprise et la logistique (https://www.minesparis.psl.eu/Recherche/Centres-de-recherche/Centre-de-gestion-scientifique-CGS/)

DRM (Dauphine Recherches en Management, Unité Mixte de Recherche CNRS 7088) constitue l’un des plus importants centres français de recherche en sciences de gestion. Ses domaines de compétences couvrent le marketing, la stratégie, la finance, la théorie des organisations, la gestion des ressources humaines, les systèmes d’information, l’innovation, ainsi que la comptabilité et le contrôle (https://drm.dauphine.fr/fr/drm/accueil.html)

La Chaire Mines Urbaines est une chaire dédiée à l’économie circulaire (business models, technologies, organisations, politiques publiques) qui réunit trois écoles (MINES ParisTech, Chimie ParisTech et Arts et Métiers ParisTech. Elle est soutenue par l’éco-organisme ecosystem qui gère les impacts de la filière des produits électriques et électroniques  (https://www.minesparis.psl.eu/Recherche/Chaires-industrielles/Mines-Urbaines/)

 

Description du projet

La sobriété est une des voies préconisées dans le cadre de la transition écologique par différents champs disciplinaires[1] ainsi que par les acteurs publics[2]. La sobriété consiste à modérer autant la consommation que la production afin de réduire l’empreinte environnementale, et en particulier matérielle (consommation de ressources) qui leur sont associées.

Du côté du consommateur, le moins consommer questionne le consommateur sur ses véritables besoins. Quels sont-ils ? Comment se les représentent-ils ? Comment les perçoit-il ? Le mieux consommer questionne notamment la qualité de ce qu’il achète (matières premières bio-sourcées, fabrication et distribution locale), l’usage de ses biens et la façon dont il s’en débarrasse lorsqu’il n’en a plus l’utilité. La qualité mais aussi l’achat et la circulation des objets afin d’en avoir un usage durable dépend des produits et des services proposés par le marché. Comment les consommateurs transforment-ils leurs pratiques d’achat de la quantité vers la qualité ? Cette transformation s’accompagne-t-elle d’une meilleure connaissance des produits (matières premières, lieux de production, fabrication) ? Quelles émotions accompagnent cette transformation ? La transformation des pratiques pose la question du prix des produits et des services. Dans quelle mesure les consommateurs sont-ils prêts à changer leurs relations au prix, dit autrement leur « caractère malin » ? Par ailleurs, un style de vie sobre conduit le consommateur à « faire » (cuisiner, bricoler, jardiner, se déplacer en vélo, réparer) ce qui pose indiscutablement des questions sur son rapport au temps et à ses compétences. Comment ces rapports s’articulent-ils avec les offres des producteurs ?

Du côté du producteur, la sobriété pose inévitablement la question de la transformation de l’offre et des innovations qui y sont associées, et donc celle de la prise en compte de cette nouvelle stratégie sur le business model (modèle d’affaire) des entreprises. Parmi les pistes actuellement explorées par les entreprises, citons celles qui visent à intensifier l’usage des produits (partage, location) ou cherchant à développer des services associés à l’allongement de la durée de vie des produits (réparation, seconde vie, économie de fonctionnalité…) en substitution de la vente de produits neufs, et ce, afin de réduire l’empreinte matérielle de la production. Ces stratégies ne sont pas sans conséquences sur les activités et les stratégies des entreprises car il s’agit de transformer non seulement la conception des produits pour accroître leur durabilité et leur réparabilité mais développer de nouvelles compétences, de nouveaux écosystèmes d’affaire et de nouvelles formes de relation aux clients.  Ces nouvelles stratégies ne vont pas non plus sans poser toute une série de questions : comment éviter les effets rebonds où les économies éventuelles se reportent sur l’achat d’autres produits neufs ? Comment changer les indicateurs de performance ? Comment convaincre dirigeants, investisseurs et collaborateurs qu’il peut s’agir d’une stratégie économique pérenne qui permet de maintenir un flux de revenus suffisant ?

L’objectif de la thèse est alors de comprendre dans quelle mesure une consommation sobre peut s’articuler avec un modèle d’affaire des entreprises qui souhaitent basculer vers la sobriété. La thèse s’appuiera sur un travail d’enquête auprès des consommateurs, des entreprises et des intermédiaires (vendeurs, prescripteurs, ONG, médias, acteurs publics…) qui prescrivent et organisent la rencontre entre producteurs et consommateurs. La thèse pourra bénéficier des relations de la Chaire avec ces différents types d’acteurs dans le domaine des produits électriques et électroniques, par exemple d’entreprises comme Seb, Fnac-Darty ou Back Market. Mais l’exploration pourra également s’étendre à d’autres secteurs où cette question de la sobriété est particulièrement débattue et explorée comme le secteur de la mode. Cette thèse articulera donc deux champs de recherche : le management et le marketing, et plus particulièrement s’agissant du marketing, le comportement du consommateur, et s’agissant du management, des business models circulaires et du management de l’innovation.

 

Mots-clés

Business model, pratiques de consommation sobres, sobriété, économie circulaire, économie de la fonctionnalité, management.

 

Localisation et déroulement de la thèse

L’étudiant sera rattaché à l’Ecole Doctorale SDOSE (https://edd.dauphine.fr/) sous la direction de Franck Aggeri (Mines ParisTech-PSL) et Valérie Guillard (Université Paris Dauphine-PSL)

 

Financement

Le contrat doctoral sera financé 3 ans par la Chaine Mines Urbaines en partenariat avec ecosystem.

 

Profil recherché

Titulaire d’un master en sciences de gestion, voie recherche ou d’un diplôme d’ingénieur avec équivalence du grade de master (avec une formation à la recherche), le candidat devra disposer de bases solides en management, marketing et méthodologies de la recherche.

 

Les candidatures (CV, lettre de motivation, relevés de notes, lettres de recommandation) doivent être adressées à Franck Aggeri (franck.aggeri@mines-paristech.fr) et Valérie Guillard (valerie.guillard@dauphine.psl.eu).

 

 


 

[1] Heyer, Éric, Pascal Lokiec, and Dominique Méda. Une autre voie est possible. Flammarion, 2020.

Jancovici, Jean-Marc. Dormez tranquilles jusqu’en 2100: Et autres malentendus sur le climat et l’énergie. Odile Jacob, 2015.

Guillard, Valérie. Comment consommer avec sobriété: Vers une vie mieux remplie. De Boeck Supérieur, 2021.

Bourg, Dominique, and Philippe Roch. "Sobriété volontaire." En quête (2012).

Aggeri F. (2020), Il n’y a pas de solution technologique à la transition énergétique

https://i3.cnrs.fr/evenement/il-ny-a-pas-de-solution-technologique-a-la-transition-energetique-de-franck-aggeri/

 

 

[2] ADEME

 

 

Soutenance de thèse de Joël NTSONDE

Le 5 octobre 2020

Résumé de la thèse en français

L’économie circulaire rencontre un succès grandissant dans la société et apparaît comme un levier majeur pouvant être mis au service de la transition écologique. Mais de manière assez paradoxale, l’engouement actuel autour de ce nouveau modèle semble plus lié à sa dimension utopique qu’à sa solidité scientifique. Ce constat soulève plusieurs questions telles que : pourquoi autant d’acteurs sont attirés par un concept qui reste encore flou ? Qu’est ce que les sciences de gestion peuvent-elles nous apprendre sur ce phénomène ? Comment l’économie circulaire peut-elle contribuer à favoriser une transition écologique ? Jusqu’à présent la littérature académique s’est peu intéressée à la dimension utopique de l’économie circulaire et à son impact en termes d’action collective. Afin d’étudier ce phénomène, la thèse s’intéresse aux mécanismes cognitifs, organisationnels et inter-organisationnels qui sous-tendent la transition d’un territoire vers l’économie circulaire. A partir du cas de la commande publique dans le secteur de la construction, nous questionnons ensuite les “transition studies” (Markard et al., 2012) pour proposer un modèle de transition conceptualisant les mécanismes qui peuvent permettre à des acteurs économiques, sociaux et politiques d’accompagner la transition de leur territoire vers l’économie circulaire. Ce modèle part des processus qui amènent des entrepreneurs à concevoir des innovations, puis conceptualise les mécanismes qui conduisent des organisations publiques et privées à coopérer avec ces entrepreneurs pour générer une dynamique d’action collective, avant d’expliciter les mécanismes à partir desquels cette dynamique peut matérialiser la transition d’un territoire.

Résumé de la thèse en anglais

Date de soutenance : lundi 5 octobre 2020 à 14h30
Adresse de soutenance : Mines ParisTech 60, boulevard Saint-Michel, 75272 Paris cedex 06 – à venir
Directeur de thèse : Franck AGGERI

En savoir plus